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« Magic bones », pour avoir mal au cou sur le chemin du boulot.

Magic bones

J’ai toujours horreur de ces bibliothèques musicales où il est impossible de trouver autre choses que quelques mp3 disparates. La même frustration est présente à l’ouverture d’un puzzle auquel il manquerait des pièces. Ainsi, je ne m’imaginais même pas faire de chronique sur le single dont je vous parle aujourd’hui, mais lorsque je découvre sur mon Ipod que l’entrée « Magic bones » comporte 4 pistes au lieu des 2 attendues, les fers de mon autocensure volèrent en éclat au rythme de mon headbanging.

« Magic bones » est un jeune quatuor de rockeurs Australiens et on parle aujourd’hui de leur second single « Danger I Am ». Si j’ai immédiatement accroché à leurs productions je pense que c’est d’abord parce qu’il m’a rappelé certaines de mes premières explorations musicales. Il y a de cela quelques années alors que je commençais à remplir par moi-même le dossier « album » de mon disque dur j’ai eu une phase Pop/Rock british avec notamment The Hoosiers, The Fratellis ou encore The Automatics comme tête d’affiche. D’une certaine façon l’enthousiasme et l’insubordination de Magic Bones fait écho à ces amours de jeunesse. Leur son peut certes paraitre assez classique mais il s’en dégage une énergie, un entrain qui vous prend instantanément.

Si vous êtes de ceux qui profitent de leurs albums de rock en hochant la tête préparez-vous, le tempo de ce single est frénétique. Cette allure qui laisse les cymbales dans un état de vibration quasi-constant émane du côté garage-punk du groupe, c’est ce qui leur donne puissance et arrogance. De leur côté les cordes sont plus mesurées dans le sens où quand bien même elles s’usent la voix et se saturent avec chaleur, le bruit n’outrepasse jamais la mélodie. Cet équilibre est complété par le chant qui humanise l’ensemble. Les deux voix, une féminine l’autre masculine, par leur alternance créent une tension dans les pistes. Elles se cherchent se plaisent, se confrontent parfois avec crânerie ou même avec violence. J’ai l’impression que c’est la figure du gentil « bad boy » qui résume le mieux mon ressenti. Ce personnage attachant par sa fougue et sa jeunesse qui essaye, en faisant (gentiment) du bruit, de plier le monde à sa volonté.

Pour un groupe qui n’a pas encore un album à son actif Magic bones respire audace et inspire véhémence, j’attends la suite avec impatience.

« Secret Sidewalk », quand on met l’oreille au télescope.

Secret-sidewalk

Alors que fier à mes habitudes, je naviguais en quête d’un trésor dans les tréfonds de Bandcamp, mes oreilles se mirent subitement à me titiller. Comme au bruit d’un compteur Geiger mon attention se braqua sur cet objet non-identifié. Seconde après seconde je prends conscience que c’est une merveille tout droit tombée des astres qui embrase mon corps. Une pierre cosmique comme irréelle.

Ce single répondant au nom de Cholo Curls  sorti en juillet 2014 est né d’un quintet originaire de la région de San Francisco.  Une batterie, un saxo et une suite de claviers  électroniques en tous genres forment leur équipement. La composition singulière de ce brassband, qui n’en porte pas vraiment la combinaison, est à l’image de leur musique : hybride, transformiste, créatrice.

Plusieurs galaxies se sont rencontrées dans ces trois pistes et de ce puissant maelstrom émerge une foule de panoramas plus surprenants les uns que les autres. Pendant que les trajectoires erratiques d’un free-Jazz font la course à une gazeuse électronique au spectre non-chromatique nous assistons, nous auditeurs, à un voyage ponctué par les exclamations de notre quintet de cosmonautes. Propulsés par une batterie infaillible, nous allons, contemplons les irruptions solaires d’une géante rouge saxophoniste. Un peu plus tard nous nous glissons avec agilité dans le fourmillement électronique d’un champ d’astéroïdes. Mais toujours au fil de notre épopée nous percevons quelque chose  d’organique, de bio-morphe, comme si la vie et le plaisir étaient là, quelque part, dans la variété de ces paysages sidéraux.

J’espère que ce single (dont la troisième piste n’est accessible qu’à l’achat), vous procurera le voyage que je vous promets.  Attention toutefois car à mon grand malheur maintenant onze mois que nous sommes sans nouvelles de nos spationautes.

« Alexander Lewis », quand être cambriolé amène créativité.

alexander lewis

Si jamais le titre de cette chronique vous interroge, oui il y a bien une histoire de cambriolage derrière ce single. C’est pour repayer son équipement que Monsieur « Alexander Lewis » a sorti ALL MY SH*T JUST GOT JACKED et cette démarche a su attirer ma curiosité, et peut-être aussi mon empathie.

Avant toute chose je vous invite à dépenser la modique somme de 1$ afin de pouvoir écouter les 3 pistes du single sans temps de chargement. Ces trois pistes n’en sont qu’une et ce serait desservir ce single que de ne pas profiter de transitions fluides et prévues pour l’être.

Les quelques minutes de ce single sont extrêmement intenses. On nage dans une électro qui flirte avec un Big Beat sur fond de rythmiques tribales. Les sons  y sont denses, qu’ils s’écrasent sur mes tympans avec fracas et tumulte. Pour autant, bien loin de moi l’idée de vous proposer du bruit pour du bruit. Plus que l’impact sonore de cet album ce sont les émotions qu’il dégage qui me poussent à vous le proposer.

Ces pistes s’enchaînent telles un récit, racontant chacune un ressenti, une expérience de vie au fil d’une progression très naturelle. Les premiers instants expriment peut-être un malaise, une expérience chamanique difficile mais formatrice. A cette phase de balbutiements douloureux succède un balancement entre des phases douces et violentes comme si l’accès à une jouissance intérieure était toujours parasitée par un je ne sais quoi échappant à tout contrôle. Enfin La troisième piste qui est par ailleurs la plus longue fait la part belle à des sons plus optimistes. Sans perdre en puissance on s’y sent plus apaisé, je m’y sens comme au début d’une histoire amoureuse où la crainte du rejet s’évanouit pour laisser place à une envie d’aller vers l’avant.

Ces 8 minutes, même en boucle, en appellent à mon endorphine. Alors que j’avoue avoir parfois du mal à créer des images sur une musique purement synthétique, je peux vous assurer que mes sens sont ici exaltés à tel point que la fin du morceau, plutôt ouverte, n’en est que plus frustrante.

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