Hérétiques éclectiques unissez vous ! Un apôtre du son s’est trouvé révélé. Le temps est venu de briser les idoles du genre, de brûler le fétichisme de la typologie. Ouvrez votre esprit et embrassez l’orgie des influences.
Zeal And Ardor s’est présenté à moi sur internet. Les adeptes de son dernier album, semblent relativement nombreux et correspondent à ces satanistes à la forte pilosité communément appelés métalleux. Malgré mon faible attachement à cette chapelle sonore j’ai cédé à la curiosité et fus immédiatement transcendé.
Une voix pleine de colère et de regrets s’extirpe d’une terre noircie par l’oppression. Les chaînes claquent alors que le blues commence à canaliser la rancœur des temps passés. Je prends conscience que mes bras, mes jambes, mes doigts se mettent à participer à ce rituel païen et libérateur. Les chaînes se brisent. Les cordes vibrent plus vite, plus fort. Ma nuque se raidit tandis que ma bouche tente en silence de mimer ce cri que j’entends au loin. L’Appel, détourné de sa mystique, gronde du grave de ses nappes. Le Mal d’une voix humaine m’engage à céder, à ne plus comprendre, à ne plus chercher à deviner la suite. Je lâche prise. Seul, nu, frappé sans discontinuité par une pluie percussive, j’admire la puissance du cyclone. Toutes sortes d’objets s’y rencontrent, se fracassant les uns les autres dans un ballet sonore magnifiquement assourdissant. Mais il faut tenir bon. À celui qui sait attendre, L’œil du démon est révélé. On y est si bien, les choses y sont devenues fine poussière. Je m’allonge comme un enfant dans la neige, je fais l’ange. Tout y est si doux, d’un calme qui augure d’un nouveau commencement.
Cet album bien que court est extrêmement intense. La créativité y est débridée, sauvagement jouissive. Toute l’habileté de Zeal est de parvenir à agencer autant d’éléments, d’idées, de courants dans un seul petit album sans jamais que cela sonne faux ou forcé.
Auditeurs, le seul mal qui puisse vous arriver est de vous perdre l’instant d’un moment trop fugace.
Ps: le premier album de Zeal And Ardor, au nom éponyme, mérite lui aussi amplement qu’on s’y arrête. Mise à jour : Les deux albums de Zeal semblent s’être volatilisé de bandcamp (une histoire de signature sur label je crois), il ne reste que deux pistes.