Avant de placer les premiers mots, les premières secondes de réécoute imprègnent définitivement le déroulé de mon écriture. Or, le sampling a cela de merveilleux qu’il peut être concret. Il s’habille d’instants sonores réels, partagés par beaucoup. Ces sons nous renvoient à la mémoire de nos autres sens.
Les premières secondes de Banba me renvoient heureux dans ma chambre d’enfant, patchwork familier de couleurs, textures et jouets. L’ambiance est au goûter d’anniversaire. On passe son temps à courir, l’excitation d’être avec ses copains. Musique ! Musique pour s’allonger dans l’herbe, pour reprendre son souffle et reposer ses genoux fraîchement teintés de vert. C’est avec joie que je crois entendre ma maman poser de ces grands verres de limonade sur la table du jardin. Au simple bruit des glaçons s’entrechoquant, je pressens le jouissif contact froid et brûlant de la glace sur mes lèvres. Qu’il était bon le temps où la procrastination n’avait de sens que dans la bouche et dans l’esprit de nos parents.
Mais ces temps de douce simplicité ne sont pas sans fin. Le texte nous rappelle à l’envie d’être grand, de trouver du sens, de défendre des convictions. Se définir, lutter pour se faire reconnaître et estimer. Changer le monde ou au moins essayer.
La conciliation de ces aspirations contraires n’est pas aisée. L’agilité du flow y parvient. Sautillante, la voix affiche son optimisme devant la mission qu’elle s’est donnée. Pour avancer, elle semble s’être extirpée de la peur et des doutes inhérents à sa quête. Les rythmiques chaloupées guident une course dansante et naturelle. Se parant parfois, pour ses moments de grâce, de brillants éclats d’exubérance cuivrée.
Pourtant … Aussi agréable cet EP puisse être, entre deux suaves pressions sur le clavier d’un Rhodes, je ne peux me défaire de ce petit quelque chose me laissant en bouche une sorte de parfum factice. Un peu comme ces publicités lisses et propres. Montrant de beaux jeunes gens cordiaux au visage gentil. Il y manque un contraste, le récit de moments plus sombres, pour que ces airs agréables ne se dissipent dans une naïve monotonie.